Poésie, photos, musiques et partage
Stries, traînée dans l'oeil;
Perdu** perçu à mi-
chemin par les regards.
Grand Jamais filé*** réel,
Revenu.
Chemins, à moitié**** — et les plus longs de tous.
Fils arpentés d’âme,
Trace de verre,
Ré-enroulée
Et maintenant
Voilée de blanc
Par l’OEil-Tu sur l’étoile
Constante au-dessus de toi.
Stries, traînée dans l’œil ;
Que soit gardé
Un signe porté par l’obscur,
Animé par le sable (ou la glace ?) d’un temps
Encore et réglé***** sur la vibrance
Muette d’une consonne.
Grille de parole.
Paul Celan
Traduction – Jean-Pierre Lefèbvre
Éditions nrf — Poésie/ Gallimard
* Paul Celan voulait envoyer ce poème à Heidegger.
Un lapsus entre Schliere au lieu de Schleir, l’un strie et l’autre voile. Finalement Strie dans ce rôle poétique retrace les deux modes que l’on retrouve dans le poème.
** Perdu Substantif au même titre que Grand Jamais plus loin.
*** Wirklichgesponnen—inexistence dont, à force de tordre les brins, on a fait un fil réel.
**** Sans doute : à moitié longs.
***** Stimmen : accorder un instrument de musique.
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